V. MOULINE, Ethnologue
CNRS/Toulouse – 44, avenue Jean Jaurès – 47500 FUMEL

Lorsqu’on se met à l’écoute des souvenirs de ceux qui connurent, enfant, une amygdalectomie, lorsqu’on lit les autobiographies de Michel Tournier, de Michel Leiris ou encore de Cavanna, entre autres amygdalectomisés célèbres, on ne manque pas de noter certains paradoxes. Cette intervention, que l’on présente volontiers comme bénigne, sans gravité, une de ces petites “bricoles” qui émaillent les premières années de la vie, n’en a pas moins profondément marqué les mémoires, au point de compter parmi les pires souvenirs de ses “victimes”, au point d’incarner pour eux l’exemple même de la violence médicale gratuite. Ce marquage des mémoires doit, certes, beaucoup aux circonstances de l’intervention, à l’horreur de ce sang que l’on a rendu, à l’horreur surtout de cette douleur que l’on a ressentie, que le chirurgien et ses acolytes vous infligèrent à plaisir semble-t-il. Pourtant, malgré la violence et la brûlure persistante des souvenirs, malgré la force de la rancœur, nul ne songe à remettre en question l’opération, pas plus les opérés aujourd’hui adultes que leur mère. Bien sûr, pour légitimer cette intervention, mères et opérés insistent sur son efficacité physiologique remarquable. Finis les maux de gorge et rhumes divers ; elle aurait même des effets prodigieux, permettant une croissance accrue, des résultats scolaires améliorés, etc. Mais au-delà de cette légitimation par le physiologique, le discours sur la douleur est beaucoup plus ambigu qu’il n’y paraît. Certes, on a eu mal, très mal, mais il semble que la douleur elle-même trouve sa place dans cet épisode, comme nécessaire, élément incontournable de ce scénario catastrophe. Que faut-il comprendre ? Comment se réalise cette alchimie qui fait d’une douleur profonde, inacceptable une douleur acceptée, voire recherchée ? On sait les débats passionnés que les relations entre amygdalectomie et douleur ont engendrés. On sait combien cette douleur a été niée, du moins négligée, minimisée. Or cette attitude n’a été possible que dans la mesure où l’opération des amygdales a fait l’objet, de la part de ses différents acteurs, d’une élaboration symbolique qui a accordé une place à la douleur, l’a parfaitement intégrée, légitimée.

Une précision méthodologique n’est pas inutile. Cette enquête a été menée entre 1991 et 1996, dans le Lot-et-Garonne, la Dordogne et le Lot, en milieu rural (petites villes, sites industriels, villages) auprès de personnes opérées au cours de leur enfance et ayant au moment de l’enquête entre quarante et quatre-vingt ans. Expliquer certains faits choquants en évoquant l’archaïsme de ce milieu n’est pas soutenable. En effet, le docteur Cohen-Salmon a lui aussi interrogé cette intervention mais dans un tout autre environnement, celui des hôpitaux parisiens. Il n’en a pas moins rencontré des faits assez semblables, la même violence, la même indifférence à l’égard de la douleur de l’enfant. Force est donc d’accepter qu’il y a là une perception de l’opération très répandue, partagée par le plus grand nombre.
Faute de temps, je ne peux pas mettre au jour tout le système symbolique qui prend l’amygdalectomie pour objet, système symbolique où il est question de la physiologie enfantine, des normes du corps enfantin, de croissance et d’identité sexuelle. Je vais simplement essayer de montrer comment cette douleur a pu se perpétuer, parce que cette représentation du corps donnait sens à la douleur et qu’à l’inverse, l’existence de cette douleur renforçait également certains caractères de l’intervention.

C’est le récit qui va donner sens à cette intervention et à la douleur qu’elle engendre. Cette violence apparemment gratuite, à laquelle l’enfant n’a rien compris sur le moment, le récit permet de lui donner un sens, une signification. La façon de raconter l’opération, d’enchaîner les évènements est un moyen de “mettre de l’ordre” ou plus exactement d’établir un ordre, une logique qui va intégrer et donner une place à la douleur. D’ailleurs pour terribles que soient les souvenirs, quelle que soit leur rancœur, mes interlocuteurs ne se laissent jamais emporter par la passion, par leurs sentiments. Au lieu d’évoquer immédiatement ce qui les a le plus marqués, ils respectent scrupuleusement la chronologie des évènements, campant précisément le décor, revivant l’intrigue pas à pas. Or ce respect de la chronologie n’est pas fortuit : la forme du récit est fondamentale en ce sens que c’est elle seule qui va donner une cohérence à ce qui ne saurait en avoir autrement. Dire la succession des évènements, des épisodes, respecter la structure du temps est le seul moyen pour donner à la douleur une place et une efficacité, ne serait-ce que symbolique.

Le drame commence doucement, par une trahison. La préparation psychologique est réduite à sa plus simple expression : mensonges pour les uns, silences pour les autres. On leur avait promis le photographe, l’achat d’un vêtement, un séjour chez les cousins, une après-midi au cirque et ils se retrouvent devant l’hôpital, comprenant trop tard qu’ils ont été “trahis”, parlant de “traquenard”, de “piège”, de “guet-apens”, de “trahison”. Pourtant, il est assez difficile de croire en leur parfaite candeur. Beaucoup le disent : “on aurait dû se méfier et comprendre ce qui nous attendait”. Le médecin n’avait-il pas déjà dit qu’il faudrait opérer ? N’y avait-il pas quelque grand à l’école qui les avait mis en garde ? D’une certaine façon, “on s’y attendait mais on ne voulait pas y croire”. Et cette trahison n’est que le premier stade d’un drame qui semble ne jamais devoir prendre fin.

En effet, après la trahison, la séparation. Que l’opération ait lieu à l’hôpital, dans la cuisine ou dans la cour de la ferme, les liens voire les rôles familiaux se disloquent dangereusement. Les parents disparaissent l’un après l’autre : le père d’abord qui passe rarement les portes de l’hôpital ; et puis, surtout, la mère, mise à l’écart du théâtre d’opération. Ce que l’enfant vit très mal. Confié à des “types en blouse blanche”, il se sent abandonné, il a perdu son univers ordinaire, sa protection normale. Que les parents soient exceptionnellement autorisés à rester n’est pas plus rassurant car l’abandon de leur rôle habituel ne fait qu’affoler un peu plus l’enfant : c’est le père qui se voit confier le soin de tenir la bassine dans laquelle devra cracher le sang, c’est la mère qui se voit assigner l’ordre de tenir fortement les bras de son enfant afin qu’il ne bouge pas. De protecteurs, les parents sont devenus les complices des “types en blanc”. Et cette métamorphose des rôles ordinaires n’échappe pas à l’enfant qui y voit un funeste présage. Que les parents soient ou non présents, il devra de toute façon affronter seul ce qui suit, il en a conscience : plus personne ne se glissera entre lui et le chirurgien, dans ce face-à-face qu’il redoute. A juste titre.

Deuxième temps donc : ce face-à-face, vécu et raconté comme un drame qui va crescendo et dont le point d’orgue sera cette extrême violence physique et morale, cette douleur polymorphe, que l’on ne peut oublier, des décennies plus tard : l’ablation elle-même. Ce qui suit, l’enfant le vit non pas comme relevant d’un protocole opératoire mais comme le résultat d’une volonté délibérée de lui nuire, comme un plan dont le seul dessein est de lui faire mal. Il ne s’agit pas de le préparer à l’opération mais de lui ôter progressivement et irréversiblement tout moyen d’agir afin de pouvoir attenter à sa vie. Car, il en est persuadé, là est le but ultime. Peu à peu, on s’éloigne de l’univers médical pour pénétrer dans un univers tout autre.
C’est d’abord l’immobilisation. Nul n’a oublié le “drap”, le “tablier en plastique” dans lequel on les a, disent-ils, “ficelés comme des rôtis”, “les bras derrière le dos”, “le cou serré à étouffer”. Incapables de bouger et surtout de se défendre, ils sont totalement à la merci du chirurgien. C’est ensuite l’écarteur, torture aussi bien physique que morale, qui rend la respiration difficile, les empêche de parler -le seul moyen de défense qui leur restait encore. Ce sont aussi ces instruments que l’on manipule sous les yeux médusés des enfants. S’ils en ignorent le nom, ils n’en comprennent que trop bien l’utilité : pinces, ciseaux, bistouri, objets pointus, tranchants, coupants, en ferraille, tout ceci leur est destiné. Certains instruments, fort mystérieux, ne font qu’accroître ses craintes. Que va-t-on leur faire avec “ces tuyaux d’aspirateur noir” ? A quel usage est destiné cette “boule comme un ballon rouge” ? Que va-t-il leur arriver ? Que va-t-on leur faire subir ? Ne sont-ils pas à la merci du chirurgien et de ses acolytes, qui leur ont déjà tellement infligé de tortures ? ces derniers ne sont-ils pas capables de tout ?

Vient enfin le cœur du drame physique, le paroxysme de l’horreur : l’anesthésie ou l’opération à vif. En effet, plusieurs de mes interlocuteurs ont été opérés à vif, à une date relativement récente. Comment expliquer la persistance de cette pratique alors que l’on dispose, depuis fort longtemps, des moyens d’endormir ? C’est sans doute d’une part parce que l’opération n’est pas tout à fait comme les autres, que son sens déborde le bloc opératoire et d’autre part que la douleur a bien son rôle à jouer, un rôle plein et entier. Et si l’on veut y voir un simple motif, force est d’avouer qu’il est central.

Ceux qui ont été anesthésiés sont-ils seulement plus chanceux que les autres ? On en doute. En effet, opération à vif ou anesthésie, le drame ou plutôt le récit est le même ! Le vécu est exactement semblable ! Simplement l’objet de l’horreur se déplace : dans un cas, c’est l’opération, dans l’autre l’anesthésie. Et quelle horreur ! Tous sont persuadés qu’ils vont mourir ou plus exactement que l’on cherche à les tuer. Ils ont alors le sentiment d’une lutte désespérée pour leur survie, ils se débattent comme ils peuvent, gesticulent en vain. L’opération prend des allures de mise à mort. Et les propos sont d’une extrême violence, reflétant l’horreur de l’instant. Le masque devient l’objet avec lesquels, ils en sont persuadés, le médecin cherche à les asphyxier, avec la complicité des infirmières voire de leur mère ! Le bistouri devient l’instrument avec lesquels on va les “égorger”, les “saigner comme des cochons”. Car la mise à mort d’autant plus terrible qu’elle n’est même pas digne d’un être humain : c’est l’animal que l’on tue, “le cochon qu’on égorge”, “le poulet qu’on saigne”, “le lapin pris au collet”, le cri de “bête qu’on écorche”. Les métaphores sont violentes et traduisent parfaitement l’angoisse absolue, l’imminence présumée de la mort. D’ailleurs, la technique utilisée est digne de tout ce qui a précédé : on est loin de la rigueur médicale puisque les amygdales ont été “écrabouillées”, “arrachées”, “tirées”. Peut-on même parler d’opération ? N’est-ce pas plutôt une blessure intentionnelle, portée au plus profond de soi ? En effet, l’absence de cautérisation de la plaie ne manque pas de porter ses effets, d’être happée par la pensée : l’enfant saigne, voit son sang pour la première fois, en apprend le goût, en découvre l’odeur, etc. Ce sang “vomi à pleine bassine” et la douleur intense au fond de la gorge : il va mourir, il meurt, il en est sûr. Le chirurgien lui-même est pris dans ce système de représentation. Il n’est plus l’homme de science dont on reconnaît et dont on respecte le savoir salvateur mais il renoue avec cette très ancienne image du chirurgien barbier. Il est “boucher”, “monstre sans cœur”, “une brute”, “un équarrisseur”, un “ogre”. Un homme sanguinaire pour une opération sanguinaire. Comme si à un type d’opération correspondait un type de praticien ; comme si l’opération imposait un type d’homme.

Voilà l’enfant qui plonge au cœur d’un monde parfaitement incompréhensible, où ce qui fait son quotidien vole en éclats, où les valeurs n’ont rien à voir avec celles du monde ordinaire, un monde qui emprunte ses mots au monde ordinaire mais leur donne un autre sens. Ce qu’on lui a présenté comme une opération “de rien de tout”, qui ne “ferait pas mal” devient une boucherie sans nom, une tentative de mise à mort délibérée. Alors que manifestement on lui inflige une douleur insupportable, on nie cette douleur avec force ; on nie l’évidence sans vergogne. Le chirurgien et ses acolytes, qui fouillent sans ménagement sa gorge et lui tirent les cris les plus stridents, ne lui intiment-ils pas l’ordre de se taire, étant entendu qu’”on ne lui fait pas mal”. “On ne te fait pas mal”, “c’est rien du tout”, “tais-toi, tu sens rien”, “montre que tu es grand, que tu n’es plus un bébé”, on ne cesse d’en appeler à son courage, on lui demande d’avoir une conduite de “grand”, comme un adulte, de “ne pas faire l’enfant”. Pire encore, lorsque l’ethnographe Michel Leiris subit l’opération, le chirurgien ne le rassure-t-il pas en lui affirmant : “Viens mon petit coco, on va jouer à faire la cuisine.” Quel est donc ce monde où la douleur pour manifeste n’en est pas moins niée, où l’enfant ne doit plus être enfant mais adulte, où l’opération devient jeu et cuisine, où l’enfant qui se vide de son sang -c’est du moins l’impression qu’ils ont- reçoit pour tout réconfort l’indifférence des adultes ? Décidément, ces opérations ne sont pas banales. Elles associent trop évidemment leur mise en scène, la façon de la raconter avec leur fonction pratique, elles suscitent les sentiments les plus violents. Cette façon de dire et finalement de construire l’opération permet en fait de l’associer au rite, cette intervention qui fait passer d’un état dans un autre, qui transforme, métamorphose le sujet. Ce monde qui soudain échappe aux règles ordinaires est bien celui du rite, de l’initiation. Ainsi donc, ce n’est plus une banale intervention chirurgicale : les enfants la racontent sur le mode du récit initiatique, de l’épreuve formatrice, de la preuve tangible aussi d’un statut. Le récit inscrit la douleur dans une logique, inversant totalement les données. La douleur inexplicable, presque gratuite, inacceptable de toute façon, devient alors un moment indispensable voire l’élément central de cet évènement. Sans elle, l’intervention perd l’essentiel de son sens. Comme la clé de voûte de l’édifice qu’est l’opération. L’opération devient une épreuve et une preuve : au-delà de l’utilité physiologique, elle est vécue comme une croisée des destins, un moment où l’enfant doit prouver sa capacité à supporter le pire, à surmonter l’extrême, à affronter seul, sans ses parents, la douleur, le sang, l’absurde. Surmonter, tel est le maître mot.

La dimension initiatique permet alors de comprendre certaines aberrations récurrentes de ces récits. Nombreux sont ceux qui affirment s’être réveillés avant la fin de l’intervention, avoir certes bénéficié d’une anesthésie mais trop légère, mal faite et s’être réveillés avant la fin. Et les récits n’ont alors rien à envier, concernant l’horreur, à ceux qui ont subi l’opération à vif. Celui-ci s’est réveillé trop tôt, alors que le chirurgien finissait de “racler un peu le fond de la gorge avec ses grandes pinces”. Pour la même raison, un autre a vu les “boules de sang dans le plat”. Ici c’est une langue coincée entre l’écarteur et les dents qui tripla de volume et devint violette, là un écarteur inconsidérément ouvert qui “entailla” profondément la commissure des lèvres, là un “drap trop serré” qui manqua d’étouffer le petit patient. Cette surenchère dans l’horreur participe de cette logique initiatique : dire que l’on a été victime d’une erreur du chirurgien, c’est dire que l’on a connu et surmonté pire que les autres, c’est dire que le rite n’en a été que plus efficace.

Enfin, l’interprétation de l’opération comme rite, comme épreuve formatrice, est tout aussi sensible lors du retour à l’école. C’est le moment où son sens se scelle définitivement, où il est le plus clairement mis en scène. Retour glorieux s’il en est : les camarades font cercle autour du héros, le pressent de questions, cherchent à comprendre ce que l’on a bien pu lui faire et admirent son héroïsme. Et le patient ne se fait pas prier pour raconter, avec un petit air blasé, le drame dont il a été l’acteur principal, insistant sur le pire, se donnant le beau rôle, passant sous silence la peur et les larmes. On l’admire d’ailleurs tellement qu’il fait des envieux : certains aimeraient connaître la même épreuve pour partager le bénéfice symbolique de cette intervention. Car au-delà de l’admiration -légitime ! – qu’il suscite, il a aussi “changé”, comme si l’opération l’avait transformé. Il n’a pas plus de force physique, au contraire, mais c’est une certaine maturité qu’il exhibe volontiers : il ne veut plus jouer aux “jeux de gosses”, “à la bagarre”, il s’éloigne volontiers des plus jeunes et des plus agités pour prendre place au sein d’un groupe de “grands”. Il s’est assagi, il a changé, il a “mûri”. Ceux qui ont été opérés forment alors une sorte d’aristocratie dans la cour d’école, un groupe dont la seule suprématie tient à cette expérience à part, cette expérience qu’ils sont les seuls à détenir et qu’on leur envie, cette “expérience en plus”.

On objectera que toute intervention chirurgicale entraîne ce genre de réaction. Or, les enquêtes réalisées tendent à affirmer l’inverse. Plusieurs de mes interlocuteurs ont connu deux interventions : l’ablation des amygdales et une autre intervention parfois très grave. Or, si après l’amygdalectomie, ils avaient endossé avec bonheur l’habit de héros que leur camarades leur offraient, c’est avec la plus grande modestie que s’effectuait le retour à l’école après l’autre intervention, dans la plus grande discrétion, le patient ne racontant pas son histoire et n’y tenant pas, l’auditoire ne posant guère de questions, comme s’il n’éprouvait soudain plus aucun intérêt pour la chose médicale. Les patients ont clairement le sentiment que, si l’amygdalectomie est un évènement communicable aux semblables, si on peut leur faire partager l’évènement, qu’ils peuvent y puiser un certain bénéfice, l’autre intervention, elle, ne peut avoir cette publicité, elle n’intéresse personne, ne regarde que soi et comme telle on n’en parle pas. On la garde pour soi. L’un d’entre eux résume avec violence cette indifférence qu’il comprend parfaitement.

“L’opération des amygdales, oui, ça, j’avais raconté, bien sûr. Tous mes copains voulaient savoir. Mais après pour l’opération du cœur, c’était pas pareil, j’ai pas eu envie de leur raconter, non. Je sais pas pourquoi d’ailleurs. Et puis, au fond, la vérité aussi, c’est qu’ils s’en foutaient complètement qu’on m’ait opéré du cœur ou d’autre part, ça les intéressait pas un brin. Je sais même pas s’ils ont su pourquoi exactement j’avais manqué l’école. De toute façon, je vais vous dire, ça, ça les regardait pas non plus.” Ce n’est pas parce qu’on a subi une intervention chirurgicale que l’on est fier et admiré mais parce qu’on a connu cette intervention particulière qu’est l’amygdalectomie. C’est le siège même de l’intervention, les organes qu’elles affectent qui lui donnent sens. Il faudrait alors questionner les représentations qui prennent ces organes pour objet, plonger au cœur du savoir médical commun pour comprendre en quoi l’amygdalectomie n’est réductible à aucune autre intervention. Faute de temps.